Timothée

Toujours dans le cadre des masterclasses de Bernard Werber, je me suis prêté à l’exercice d’écrire une nouvelle avec, pour consigne, de créer un environnement d’apparence idyllique mais qui s’avère… cauchemardesque. J’espère que vous aimerez!

Une vieille Peugeot roulait à toute vitesse sur l’autoroute A8. À son bord, Timothée, assis sur la banquette arrière, s’ennuyait. Cela faisait plusieurs heures qu’ils étaient partis de la maison. Sa mère ne les avait pas accompagnés et son père ne parlait pas, concentré sur sa conduite. Il regardait alors le paysage défiler, bien qu’il n’y eût pas grand-chose à voir. Les panneaux le divertissaient un peu. Le Muy, Puget… Les noms des villes le faisaient rire. Lui habitait à Fréjus, et, de sa courte vie, n’en était jamais sorti. C’était aussi la première fois qu’il partait en colonie de vacances. Il éprouvait un mélange d’excitation et d’appréhension. Ses parents ne l’avaient jamais laissé seul mais son père lui avait dit que les moniteurs seraient très gentils et qu’il se ferait plein de copains. On lui avait même expliqué qu’il y avait plein de jeux, qu’il pourrait faire du camping… L’angoisse d’y être lui pinçait le ventre mais il restait optimiste. Tout se passerait bien, son père lui avait promis.

« Papa ? Quand est-ce qu’on arrive ?

— Bientôt, Timothée. »

De toute évidence, son père n’avait pas envie de discuter. Timothée appuya sa tête contre la vitre, pour continuer l’observation sans fin d’un paysage à 130 km/h. Il haletait contre le verre et dessinait des visages souriants dans la buée. Si seulement ils pouvaient déjà y être…

« Timothée ? Nous sommes arrivés. »

Le petit garçon ouvrit péniblement les yeux. Il s’était assoupi sans s’en rendre compte. Pendant combien de temps ? Il l’ignorait. Son père tenait la portière grande ouverte et faisait signe à son fils de sortir.

Timothée se laissa tomber lourdement sur le gravier de la cour. Une grande bâtisse jaune les surplombait. Sa façade, ornée de sculptures, lui donnait un style d’un autre temps. Hormis la grande cour de gravier, cette grande maison était entourée d’un immense champ de blé. Le garçon, malgré sa petite taille, parvenait à distinguer, au loin, une grande forêt qui délimitait la masse d’épis blonds. La légère brise emmenait avec elle le chant des cigales. L’endroit était très beau.

Une jeune femme, en jean et t-shirt blanc, sortit de la bâtisse et accourut vers eux en souriant.

« Ah ! Vous êtes enfin là ! Nous vous attendions plus tôt ce matin ! » s’exclama-t-elle en serrant la main du père.

Elle se pencha alors vers le garçon et lui sourit.

« Et toi, tu dois être Timothée. Je suis très heureuse de faire ta connaissance. Moi, je suis Pauline. »

Le jeune homme de neuf ans lui fit un sourire gêné, tout en baissant les yeux. Pauline était très jolie, avec de beaux yeux verts en amandes et plein de taches de rousseur qui constellaient son petit nez en trompette. Elle sentait bon, d’un parfum floral qui rappelait celui de sa mère.

« Ne fais pas le timide ! dit-elle en lui ébouriffant ses cheveux bruns. Tu vas bien t’amuser ici ! Tu vas te faire plein d’amis. Ils sont allés au bord de la rivière il y a une heure. Quand ils reviendront, je te les présenterai. »

Elle regarda alors le père qui semblait très ému. Timothée le regarda d’un air curieux. Il l’avait rarement vu comme cela.

« M. Després, pourriez-vous me donner la valise de votre fils ? Toutes les formalités ont été réglées avant votre arrivée donc je pense que tout est en ordre. »

Il tendit alors une petite valise à roulettes à Pauline avant de se retourner vers Timothée. Ses yeux étaient plein de larmes. Sans aucune chaleur, il marmonna un « au revoir » à l’attention de son fils et retourna dans la Peugeot.

« A bientôt, papa ! » cria Timothée en agitant le bras.

Son père entama alors la marche arrière et le garçon, à travers le pare-brise, constata qu’il sanglotait tout en manœuvrant. Timothée aussi était ému mais il n’allait pas pleurer devant Pauline. Elle penserait qu’il était une mauviette.

La jeune femme posa sa main sur le dos du garçon et le poussa gentiment pour le faire marcher vers la maison. Elle trainait la valise derrière elle. Les roues s’enfonçant dans le gravier, elle ne pouvait pas la faire rouler correctement.

« Ça te dit de visiter la maison ?

— Ouais !

— Commençons par ta chambre alors ! »

Trois marches surélevaient le perron de la grande bâtisse. Ils franchirent une porte vitrée qui donnait sur une vaste pièce carrée. Un grand mur de pierres blanches délimitait ce hall. Deux portes en bois brun, de part et d’autre de la pièce, contrastaient avec la blancheur des lieux. Un jeune homme, d’une trentaine d’années, sortit de l’une d’elles. Il se présenta à Timothée comme étant Karim, moniteur lui-aussi. Il lui souhaita la bienvenue puis lui tapa amicalement dans la main avant de sortir du bâtiment.

En face de Pauline et Timothée se trouvait un escalier massif. Tandis qu’ils l’empruntaient, la jeune femme signala que les dortoirs étaient au premier étage et que toutes les activités auraient lieu au rez-de-chaussée. Il y avait un escalier vers le deuxième étage mais il était formellement interdit d’y aller. Le débarras s’y trouvait et plein d’objets coupants et dangereux y étaient entreposés. Timothée acquiesça.

Une fois au premier étage, ils partirent sur la droite et marchèrent dans un long couloir contenant une succession de portes. Sur chacune, une petite ardoise rectangulaire était accrochée, avec un nom écrit dessus à la craie blanche.

La porte « Timothée » était à présent en face d’eux. Pauline poussa la porte, regardant le garçon d’un air malicieux. L’émerveillement était total ! Timothée était face à une pièce remplie de jouets ! Des figurines de super-héros, une voiture télécommandée, un ballon de foot… Tout ce qu’il aimait était disposé sur un grand tapis sur lequel était tissé un « T ». Sur une planche fixée au mur blanc était disposées des maquettes de voitures de course. Timothée se disait que, malheureusement, il était trop petit pour atteindre cette étagère, qui devait être à deux mètres du sol… Il aurait bien aimé jouer avec les voitures !

Mais le clou du spectacle était le lit, assez simple, mais sur l’oreiller était posé une console de jeux portable ! Ses parents avaient toujours refusé de lui en prendre une !

Il accourut vers le lit et la saisit à deux mains.

« C’est pour moi ? Je peux la garder ? demanda-t-il, suppliant, à Pauline.

— Bien sûr, elle est pour toi. »

Timothée exulta. Il aimait déjà son séjour dans cette colonie de vacances. Pauline posa alors sa valise sur le sol et dit :

« Tu pourras ranger ta valise tout seul dans l’armoire ?

— Oui, oui ! répondit le garçon en s’approchant de son bagage.

— Non, pas tout de suite ! le stoppa-t-elle. Tu feras ça après. Je vais d’abord te montrer le reste de la maison. »

Timothée se précipita vers Pauline, dans la hâte de découvrir les autres merveilles de cet endroit. Elle ferma la porte derrière eux et repartirent vers les escaliers. En face d’eux, un couloir partait de l’autre côté de la maison. Un nouvel escalier, plus petit, était au bout. On ne pouvait en voir le sommet. Il s’agissait sûrement de l’accès au deuxième étage. Timothée en eut la confirmation car il distingua une chaine qui barrait le passage. Que pouvait-il bien y avoir, là-haut ?

« Timothée ? Tu viens ? »

Le garçon sortit de sa rêverie. Il se tenait devant l’escalier principal et fixait le bout du couloir qu’ils n’avaient pas emprunté et son accès interdit. Pauline se tenait sur la première marche et le regardait, d’un air sévère.

« Je te répète, mon garçon, ce couloir est hors-limite. Tu peux t’amuser dans ta chambre, en bas aussi, mais jamais par là. Tu es d’accord ?

— Oui, répondit-il, penaud. »

Ils descendaient les marches vers le hall quand, soudain, un brouhaha retentit de l’extérieur. Des cris d’enfants joyeux résonnaient contre les parois de la bâtisse.

« Ah, je crois qu’ils reviennent de leur sortie à la rivière ! dit-elle en souriant. Tu vas rencontrer tous tes camarades ! »

L’angoisse commençait à monter. Timothée appréhendait sa rencontre avec les autres. Et s’ils étaient méchants ? S’il ne se faisait pas d’amis ? Il ralentit le pas afin de se trouver derrière Pauline. Elle le remarqua et, quand ils atteignirent le plancher, s’accroupit et le rassura :

« Ne t’en fais pas Tim. Ils sont tous très gentils. Je suis certaine que tu te feras plein d’amis. »

« Tim ». Ce diminutif le fit sourire. Seulement sa mère lui donnait ce surnom. Cela lui fit regagner confiance. Il était prêt à affronter l’inconnu. Pauline l’apaisait. Elle était très gentille. Et très jolie en plus…

La porte du hall s’ouvrit à la volée. Trois moniteurs, habillés de la même manière que Pauline, ouvraient la voie à une quinzaine d’enfants turbulents. Deux personnes âgées clôturaient ce peloton. Timothée se demandait ce qu’elles pouvaient bien faire ici. Peut-être les grands-parents de certains enfants…

Les trois moniteurs firent halte et demandèrent de l’ordre. Le silence se fit soudainement. L’effervescence des dernières secondes ne laissait pas présager que le calme reviendrait aussi vite. Pauline s’avança et prit la parole.

« Les enfants, je vous présente Timothée. Il va faire partie des nôtres à présent. Faites-lui un bon accueil. »

Toute la foule jeta alors un regard curieux au garçon, qui rougit de honte. Les trois moniteurs scandèrent alors :

« Bonjour Timothée ! »

Les enfants répétèrent sur le même rythme. Timothée, toujours gêné, leva furtivement la main en l’air pour saluer les autres. C’est alors que Karim, le moniteur qu’ils avaient croisé en premier, sortit de l’une des portes et s’écria :

« C’est l’heure du goûter ! J’espère que vous aimez les pains au chocolat ! »

Tout le monde exulta. Timothée ne dit rien mais sentit son ventre frémir. Il n’avait rien mangé depuis le début du voyage et un bon pain au chocolat lui disait bien.

Karim se tint sur le côté de la porte tandis que la foule en liesse se précipitait dans la salle à manger. Timothée, timide, restait immobile auprès de Pauline.

« Allez viens, Timothée. On va prendre le goûter. »

Elle lui attrapa la main et l’emmena dans le grand réfectoire. Deux grandes tables, l’une pour les moniteurs, l’autre pour les enfants, étaient disposées côte à côte. Sur la droite de la salle, un petit buffet en inox contenait une pile de viennoiseries, qu’une dame âgée servait aux gamins agités qui faisaient la queue. Timothée prit sa place dans la file, toujours avec Pauline à ses côtés. Les enfants devant lui jetaient des coups d’œil amusés, comme s’il était un drôle d’animal. Timothée avait un peu honte mais, auprès de Pauline, il se sentait comme protégé.

Il arriva enfin devant la femme âgée. Celle-ci lui tendit un plateau en plastique qu’il posa sur les rails du self.

« Comment t’appelles-tu, mon petit ?

— Je m’appelle Timothée.

— Quel joli prénom… Pour un beau petit garçon ! D’où viens-tu ?

— J’habite à Fréjus.

— Oh, c’est très beau, Fréjus… »

La femme se tut et fixa Timothée, avec un sourire bienveillant et des yeux vitreux, comme si elle allait se mettre à pleurer. Timothée en fut un peu gêné.

« Madeleine ? intervint Pauline. Et si vous donniez un pain au chocolat à ce jeune homme ?

— Oh.. pardon ! réagit-elle en reprenant ses esprits. Je vais même lui en donner deux ! Un beau garçon comme lui doit manger pour bien grandir ! »

De sa pince à viennoiseries, elle attrapa deux pains au chocolat qu’elle posa délicatement sur le plateau. Timothée la remercia poliment avant de se faire conduire à la table des enfants par Pauline. Tandis qu’il s’installait sur une chaise, la monitrice s’adressa à la tablée.

« Je vous laisse faire un bon accueil à Timothée. Après le goûter, vous pourrez aller jouer dehors. »

Après avoir fait un clin d’œil au garçon, elle partit s’assoir avec ses collègues moniteurs. Un moment de silence se fit avant que la petite fille assise face à Timothée posât la première question.

« Tu as quel âge ?

— Huit ans et demi.

— Moi j’ai neuf ans. Je m’appelle Adeline. Et toi ?

— Pauline a dit qu’il s’appelait Timothée, banane ! intervint un garçon à côté d’elle. Moi c’est Frank. Tu joues au foot ?

— Euh… oui…

— C’est quoi ton équipe préférée ?

— L’OGC Nice.

— Moi aussi ! Allez les Aiglons ! »

Et la situation se détendit. Timothée se sentait finalement à l’aise. Tandis que les questions fusaient de tous les côtés, il plantait ses dents dans le pain au chocolat tiède. Quel délice ! Bien croustillant et bien beurré, avec plein de bon chocolat. Timothée se régalait et n’en faisait qu’une bouchée. Il partagea le deuxième avec Adeline qui semblait vexée de la moquerie de Frank. Elle lui sourit, de ses dents couvertes de chocolat et de miettes fondues.

Après cette collation, tous les enfants se rendirent dans la cour. Karim avait monté deux cages de part et d’autre et avait à ses pieds un ballon de foot. Il poussa alors un grand coup de sifflet pour indiquer aux autres que le match allait commencer !

Deux équipes mixtes furent formées. Timothée était dans celle de Frank. Ils baptisèrent alors leur équipe « les Aiglons », en référence à leur passion commune. Adeline était chez « les MBappé ». Le nom provoqua les moqueries des adversaires, jugeant que ce n’était pas un nom d’équipe.

Un coup de sifflet de Karim annonça le début du match. Les cris retentirent de toute part. Frank se débrouillait bien en foot, tandis que Timothée était plus hésitant. Cela ne l’empêcha pas de mettre tout son cœur dans cette partie. Passe à gauche, passe à droite, petit-pont, la balle roulait à toute vitesse sur le sol, avec la dextérité des jeunes footballers. Les moniteurs, dont Pauline, étaient sur le côté et regardaient, amusés, les enfants.

Grâce à une passe décisive de Frank, Timothée réussit à marquer un but, et permit aux Aiglons de remporter le match. Ses camarades couverts de poussière se jetèrent sur lui en le congratulant et lui tapant dans la main. Il était heureux et ne sentait plus aucune appréhension quant à son intégration. Pauline, d’un air impressionné, applaudit pour le féliciter. Timothée en rougit de plaisir.

« Qui veut des bonbons ? s’écria alors Karim.

— Moi ! Moi ! s’écrièrent les enfants à l’unisson. »

Tout le monde se mit en file indienne derrière le moniteur et rentra à l’intérieur. La queue se faisait devant l’autre porte du hall. Timothée, qui était dans les derniers de la file, demanda à Adeline, derrière lui :

« Où allons-nous ?

— Tu ne sais pas ? Dans la salle aux bonbons ! C’est trop bien, tu verras ! »

La salle aux bonbons ? Un tel endroit pouvait exister ? Timothée en avait l’eau à la bouche, et était curieux de voir ce qu’il en était.

Il ne fut pas déçu. Quand il entra dans la salle, il fit face à une succession de tubes transparents remplis de bonbons multicolores ! Du rouge, du jaune, du bleu, des pastilles à sucer, des gommes, des chocolats… Il y en avait pour tous les goûts ! Quel spectacle !

Pauline se tenait derrière un comptoir et, lorsque Timothée arriva devant elle, elle sourit.

« Alors Timothée, je vois que tu t’intègres bien ! Bravo pour ton but !

— Merci… bredouilla-t-il.

— On m’a dit que tu aimais les Dragibus, pas vrai ?

— Oui ! Ce sont mes préférés ! s’exclama-t-il en écarquillant les yeux de surprise. »

Elle fit tomber d’un tuyau trois Dragibus et lui tendit. Il les mit directement dans la bouche et sortit rejoindre ses amis. Frank avait déjà avalé ses bonbons tandis qu’Adeline était en train de manger des M&Ms. Il aimait bien ceux-là aussi.

« C’est ma pièce préférée, dit Frank. À part ma chambre qui est trop cool ! Tu veux venir jouer aux jeux vidéo ?

— Ouais ! s’enthousiasma Timothée.

— Et moi ? demanda Adeline. Je peux venir ?

— Non, c’est que pour les garçons ! répondit Frank avec véhémence. »

Sentant Adeline peinée, Timothée prit les devants.

« Oui, on peut inviter Adeline, hein Frank ? »

Ce dernier opina, à contrecœur. Adeline fit un grand sourire à Timothée et tous les trois montèrent les escaliers en direction de la chambre de Frank.

La pièce contenait aussi plein de jouets ainsi qu’une petite télévision connectée à une console de salon. Frank sélectionna un jeu de foot et les trois amis passèrent plus d’une heure à jouer. Surement à cause de l’écran, Timothée sentait ses yeux le piquer et la fatigue monter. Il baillait à répétition, imité par ses camarades. On tapa soudain à la porte. C’était Karim qui passa la tête dans l’entrebâillement.

« Les amis, allez prendre votre douche on va bientôt diner ! »

Avec lassitude, Adeline et Timothée se levèrent et partirent dans leur chambre pour se préparer.

Après s’être douché dans la salle de bain commune, Timothée sortit de sa valise des vêtements propres et les enfila avant de descendre dans la salle à manger. Ce soir, c’était spaghettis à la bolognaise ! La dame du goûter était encore au service. Toujours très sympathique avec Timothée, elle lui servit une grosse portion. Poliment, il la remercia et, tandis qu’il s’en allait, elle le rattrapa pour lui dire qu’il était son préféré et qu’il vienne la voir s’il y avait le moindre problème. Timothée était confus mais accepta tout de même, sans trop savoir ce qu’elle voulait dire.

Il s’assit avec Frank et Adeline. Il remarqua alors que son amie, malgré la chaleur de l’été était tout le temps en manche longue. Ce matin, il n’y avait pas fait attention mais, maintenant qu’ils s’étaient changés et que tout le monde était en T-shirt, cela était plus évident.

« Tu n’as pas chaud avec tes manches longues ? demanda-t-il.

— Non… dit-elle, gênée en tirant sur les manches.

— Les filles, elles veulent toujours être à la mode ! se moqua Frank.

— Tais-toi, Frank ! s’exclama-t-elle, vexée. »

Ils continuèrent à manger, avec une Adeline boudeuse. À la fin du repas, Pauline proposa à tout le monde de la suivre dehors. Les moniteurs avaient allumé un grand feu de joie. Karim, qui était devant, tendit les bras en l’air. Dans une main il tenait de longues piques et dans l’autre un paquet de guimauves.

« Ce soir, on fait griller des marshmallows ! »

Trop bien ! Timothée n’avait jamais fait cela ! Tous les enfants accoururent alors autour du feu. Chacun reçu une pique et des marshmallows à griller. Avec Frank, ils les faisaient bruler pour en faire des petites torches. Le regard sévère de Pauline les fit s’arrêter net. Ils se contentèrent de manger leurs marshmallows. Timothée adorait cette pâte chaude et sucrée qui collait aux dents. Un groupe de personnes âgées se trouvait en face des enfants. La dame de la cantine, qui était également présente, envoya un baiser de loin à Timothée. Il répondit par un sourire.

Décidément, tout le monde était tellement gentil. Et ce n’était que son premier jour ! S’il y avait du foot, des bonbons, des jeux et des copains, il n’y avait pas à dire. Timothée était au paradis.

« Hey ! Réveille-toi ! »

Timothée ouvrit les yeux péniblement. Frank, avec une lampe de poche, se tenait au-dessus de lui. Un grand sourire malicieux barrait son visage.

« Frank ? Que fais-tu ici ? Il est quelle heure ? dit Timothée en se redressant.

— Je ne sais pas… Tard sans doute ! »

Il tendit alors une vieille clé métallique au-dessus de sa tête, d’un air victorieux.

« Qu’est-ce que c’est ? demanda Timothée, en frottant ses yeux.

— C’est la clé du bonheur ! Suis-moi ! »

Curieux, le jeune garçon poussa sa couette et suivit son ami dans le couloir. Ils marchèrent sur la pointe des pieds sur le vieux carrelage. Où allaient-ils ? Cela faisait une semaine que Timothée était au camp de vacances et c’était la première fois qu’il s’aventurait la nuit, dans la grande maison. Elle était effrayante, dans la pénombre, avec ses hauts plafonds et le silence oppressant. Frank dévala les grands escaliers, suivi de son camarade, et s’arrêta devant la porte fermée de la salle aux bonbons. Il introduisit la clé dans la serrure et un cliquetis indiqua le déblocage du verrou. 

« Comment as-tu eu la clé de la salle ?! demanda Timothée, médusé.

— Je l’ai piquée à Pauline. Allez, viens ! »

Tandis que Frank rentrait dans la salle aux bonbons, Timothée restait en retrait. Cette impression de faire quelque chose de mal, d’interdit, le bloquait. Il angoissait de se faire punir et de mettre Pauline en colère.

« Allez, viens ! » chuchota Frank, la bouche pleine.

Timothée prit son courage à deux mains et, après vérification que personne ne les espionnât, il entra. Frank mettait des poignées de bonbons dans la bouche.

« Viens en prendre ! »

Timothée, timidement, pris un nougat que Frank lui tendait et croqua dedans. L’amertume de l’interdit gâtait le gout de la friandise. Il voulait retourner dans sa chambre.

« Frank, on peut repartir ?

— Attends, encore quelques minutes ! »

Il engloutissait les bonbons à grande vitesse, sous le regard inquiet de Timothée, qui n’avait pas le cœur à manger.

Un instant plus tard, Frank n’avait visiblement toujours pas envie de partir.

« Je pars dans ma chambre, déclara Timothée.

— Attends, j’arrive ! Juste un der… »

Frank se tut et se tint le ventre en gémissant de douleur.

« J’ai mal au ventre !

— Normal, tu as vu tout ce que tu as mangé ! »

Timothée, qui pensait que son ami faisait une indigestion, fut pris au dépourvu lorsque Frank tomba au sol et se mit à convulser. Son petit corps tremblait avec force sur le carrelage, ses yeux étaient révulsés. Il haletait, comme s’il avait du mal à respirer. Timothée était terrifié, impuissant face à ce spectacle. Frank vomissait une mousse blanche qui se répandait autour de lui. Il fallait chercher des secours !

Timothée se propulsa hors de la salle et tomba nez-à-nez avec Madeleine, la dame de la cantine. Elle le regarda, intriguée.

« C’est Frank ! Je crois qu’il est malade, venez vite ! »

Des sanglots étranglaient sa voix. Il prit la main de Madeleine pour l’emmener dans la salle aux bonbons mais elle ne bougea pas. Timothée la regarda, ne comprenant pas pourquoi l’urgence de la situation ne la faisait pas bondir. Madeleine souriait de ses dents jaunes, éclairées par la lampe de poche que Frank avait faite tomber. Son regard vitreux était posé sur Timothée. Elle restait immobile, se contentant de sourire, tandis qu’un gamin de neuf ans convulsait au sol.

Un nouveau seuil de terreur venait d’être atteint. Des larmes coulèrent sur les joues de Timothée.

« S’il vous plaît… bredouilla-t-il en pleurant. Venez l’aider.

— Oh mais pourquoi pleures-tu ? dit-elle d’une petite voix aiguë. Viens, je vais te faire un bon chocolat chaud. »

Timothée tentait de retirer sa main mais la poigne de la vieille femme était trop forte.

« Pourquoi veux-tu te dégager alors que je te propose un chocolat chaud ? Viens donc avec moi ! »

Elle le tira si fort qu’elle fit trébucher Timothée. Madeleine le trainait sur le sol, en se plaignant que le garçon ne faisait aucun effort. On pouvait toujours entendre les bruits de déglutition de Frank dans la pièce voisine. La scène était effroyable.

D’un réflexe incroyable, Timothée se redressa et fit un croche-pied à la veille femme qui tomba et lâcha son emprise. Il prit ses jambes à son cou et se dirigea vers la porte d’entrée, qui, par chance, n’était pas verrouillée.

« Timothée !! » hurla-t-elle.

Sa voix stridente résonnait sur les murs de la vieille bâtisse. Le garçon terrifié déboula dans la cour et se jeta dans le champ de blé. Il s’accroupit afin de ne pas être vu. Son corps tremblait comme une feuille et son visage était trempé de larmes.

« Timothée !! »

Elle était sortie. Madeleine était proche. Il pouvait entendre ses pas crisser sur le gravier. Le petit garçon venait de mouiller son pyjama. Il pleurait en silence, en fermant les yeux. S’il bougeait, elle le repèrerait, c’est certain.

Il entendit soudainement de l’agitation provenant de l’entrée. Les voix des moniteurs retentissaient dans le hall tandis qu’on accourait dans la cour.

« Timothée ? Timothée, où es-tu ? »

Il reconnut la voix de Pauline et sortit des hautes herbes, en sanglotant. La monitrice lui faisait face. Elle le prit dans ses bras pour le consoler. Le danger était passé, maintenant qu’elle était là. Tranquillement, elle le raccompagna à l’intérieur. Madeleine n’était plus là et la porte de la salle aux bonbons était fermée.

Une fois dans la chambre, Timothée mit un pyjama propre et s’installa dans son lit. Pauline le borda en le rassurant :

« Ne t’inquiète pas, Madeleine ne te fera plus peur. Elle était fatiguée, c’est tout. Tu sais, à son âge, on perd parfois ses repères. »

Timothée ne répondit pas. Préférant éclipser cet événement cauchemardesque. Il s’enquit de son ami.

« Comment va Frank ? Je suis désolé, on n’aurait pas dû aller dans la salle.

— Nous allons le soigner, il a mangé trop de bonbons. Ne fais plus jamais ça, d’accord ? »

Timothée hocha tristement la tête. Pauline l’embrassa et s’apprêta à sortir de la chambre quand le garçon demanda :

« Quand est-ce que mes parents viennent me chercher ?

— Bientôt mon garçon. »

Elle éteignit la lumière derrière elle et partit. Timothée se tourna face au mur. Il ne s’était jamais demandé combien de temps il resterait dans ce camp. Et, ce soir, ses parents lui manquaient. Il voulait rentrer chez lui, et voir sa mère qui saurait le consoler…

Le lendemain matin, ni Madeleine, ni Frank n’étaient au petit déjeuner. Timothée raconta à Adeline ce qui s’était passé, la veille. Elle blêmit. Même s’ils avaient eu leurs différends, elle aimait bien Frank.

Pauline passa à leur table pour leur signaler que Frank était à l’hôpital. Elle ne savait pas quand il reviendrait. Aussi, ils ne devaient plus se soucier de Madeleine, qui était partie.

L’expérience fut tellement traumatisante que Timothée ne voulait plus mettre les pieds dans la salle aux bonbons. Les moniteurs les forçaient presque à y aller et, quand on lui donnait les Dragibus, il faisait semblant de les manger. Adeline l’imitait.

Les deux amis firent cela pendant les jours qui suivirent. Le temps passait et Frank ne revenait toujours pas. Timothée espérait qu’il irait vite mieux. Il voyait que Adeline était affectée car, plus le temps passait, plus elle était taciturne, triste même.

Un jour, Karim emmena les enfants au bord de la rivière. Timothée, d’humeur de plus en plus exécrable, avait rechigné à y aller. Adeline était aussi venue, mais sans aucune émotion, juste un haussement d’épaule et un regard triste. Tous les deux faisaient un bien singulier couple d’amis, sans joie de vivre. Tous les enfants se baignaient dans l’eau vive. Adeline n’avait pas quitté son T-shirt à manches longues et Timothée trempait simplement les pieds dans la rivière, la trouvant trop froide. Les moniteurs tentaient de les distraire du mieux qu’ils pouvaient mais rien n’y faisait.

C’est alors qu’il la vit. Sur l’autre rive, se tenait une grande dame, élégante, avec une robe à fleurs. Ses cheveux étaient noués en une longue tresse et, de ses grands yeux bleus, elle regardait Timothée en souriant. C’était sa mère.

« Maman ! »

Il courut à toute vitesse dans la rivière, bousculant au passage plusieurs enfants. Timothée perdit vite pied. Les moniteurs l’interpelèrent mais il n’écoutait pas. Il nageait de toutes ses forces vers le rivage, sentant bien que le courant était un adversaire redoutable. Son corps se faisait déporter comme une feuille d’arbre sur la surface. Timothée s’épuisait. Ses jambes et ses bras étaient en feu. Les remous de l’eau immergeaient sa tête et il s’étouffa à plusieurs reprises. Un rocher lui barra la route et stoppa sa course. Karim, qui, lui, avait pied, vint chercher le garçon et le hissa sur le dos. Timothée criait. Sa mère n’était plus là. Il l’avait manquée. De rage, il donna de nombreux coups à Karim qui lui ordonna de se calmer. Timothée voyait rouge. Il voulait qu’on le repose au sol !

Le moniteur le ramena jusqu’à la grande bâtisse. Timothée fut libéré de l’emprise de Karim qu’une fois dans sa chambre. Il ne s’était pas calmé.

« Maintenant tu vas arrêter tes bêtises ! le morigéna Karim. Partir nager seul dans la rivière est très dangereux !

— Ma mère était là ! Je voulais aller la voir et tu m’en as empêché !

— Ta mère ?

— Oui !

— Ta mère n’était pas là, Timothée…

— Menteur ! »

C’est alors que le petit garçon prit sa console de jeu portable et la jeta sur le moniteur. Il l’esquiva et elle se brisa contre le mur. Karim prit un air furieux.

« Tu vas rester dans ta chambre jusqu’à nouvel ordre. Tu sortiras quand tu seras calmé. »

Sur ces mots, il sortit et claqua la porte derrière lui. Timothée hurla de rage. Il enfouit sa tête dans l’oreiller et continua de crier. Sa colère ne tombait pas. Il prit alors l’oreiller et l’envoya sur la collection de maquettes de voitures, sur l’étagère murale. Elles tombèrent et se brisèrent sur le sol. L’une d’elles laissa échapper un petit objet brillant.

La surprise le calma. Il s’approcha et saisit un petit cube noir, dont l’une des faces était dotée d’un objectif, comme pour un appareil photo… ou une caméra. Une petite diode rouge clignotait. Est-ce que cela signifiait qu’elle était active ? Timothée, pour ne prendre aucun risque, ouvrit le tiroir de sa table de chevet, y plaça le petit appareil, et le referma.

Pourquoi y avait-il une caméra dans sa chambre ? Qui pouvait bien l’observer ? Il s’assit sur le lit, la tête pleine de questions. Tant de choses étranges étaient arrivées dans ce camp de vacances. D’abord l’indigestion de bonbons de Frank, la folie de Madeleine… et maintenant ça. De plus, personne ne lui répondait jamais quand il demandait quand il rentrerait chez lui. Il décida qu’il n’attendrait plus. Ce soir, il prendrait Adeline avec lui et, tous les deux, ils partiraient.

Il passa le reste de la journée dans sa chambre, à préparer leur évasion. Pauline était bien venue le chercher pour diner mais il avait refusé, prétextant un mal de ventre.

La nuit était tombée, il avait entendu les enfants monter dans leur chambre. Quand, sous la porte, il vit les lumières s’éteindre, il sortit à pas de loup et se dirigea vers la chambre d’Adeline. Lentement, il poussa la poignée et pénétra dans la chambre noire.

« Adeline ? chuchota-t-il. C’est moi. On part d’ici. »

Il activa l’interrupteur. L’horreur la plus absolue se déroulait sous ses yeux.

Adeline était agenouillée, dos à lui. Des éclats de verres mélangés à des trainées de sang étaient tout autour d’elle. La petite fille blonde se retourna et regarda Timothée avec le même air triste des derniers jours. Elle n’avait pas de t-shirt, ce qui permis au petit garçon d’observer ses bras, qu’elle avait lacérés avec un morceau de verre.

« Adeline ! Pourquoi as-tu fait ça ?! 

— Pardon, Timothée. Je ne peux pas m’en empêcher… »

Elle éclata en sanglot et continua son travail d’incision de ses avant-bras. Timothée se jeta sur elle pour lui arracher le bout de verre des mains. Démunie, elle le regarda, les bras ruisselants. Il devait aller chercher des secours. Vite.

Timothée sortit en trombe de la chambre et courut dans le couloir. Au moment de descendre les escaliers, quelqu’un l’appela.

Sa mère était à nouveau là, toujours habillée de sa robe à fleurs. Elle se tenait devant les escaliers vers le deuxième étage et fit signe à Timothée de la suivre. Le jeune garçon savait bien que c’était interdit, et il n’aimait pas briser les règles. Mais sa mère l’intimait de l’accompagner. Et il voulait l’écouter.

Elle ouvrait la marche et monta. Timothée se baissa pour passer sous la chaîne de sécurité et suivit sa mère. En haut des marches se trouvait une porte entrouverte. Discrètement, Timothée entra dans la pièce.

On aurait dit une sorte de grand laboratoire, très différent du débarras que Pauline lui avait décrit le jour de son arrivée. Il se cacha derrière une armoire et observa. Karim ainsi que d’autres moniteurs étaient assis derrière des ordinateurs. Chacun était vêtu d’une blouse blanche et semblait très sérieux. Sur la partie supérieure du mur, des photos de chaque enfant et chaque personne âgée étaient accrochées. Ébahi, Timothée regardait ce décor futuriste qui dénotait complètement avec le reste de la bâtisse.

« Timothée ? »

Le garçon se retourna et fit face à Pauline, habillée de la même manière que ses collègues.

« Où sommes-nous ? demanda le garçon. Pourquoi êtes-vous tous habillés comme ça ?

— Que fais-tu ici ?

— Adeline s’est blessée… Elle s’est coupée le bras… Il y a du sang partout ! »

Elle jeta un regard froid à ses collègues qui s’extirpèrent de leur chaise et accoururent dans les escaliers. Pauline, quant à elle, fouilla dans sa poche, en retira une seringue et la planta dans le bras de Timothée. Il n’eut le temps de crier qu’il s’assoupit.

Timothée avait l’impression que son corps flottait. Sa tête était dans du coton. Il sentait qu’il était allongé sur une sorte de table. Une intense lumière l’aveuglait. Il parvint à entendre, comme dans un écho lointain, les voix de Pauline et Karim qui discutaient.

« Je te dis que cette expérience de mélanger les vieux et les enfants dangereux n’est pas une bonne idée ! s’exclama Karim. Nous en avons déjà perdu un !

— Frank Perez a absorbé l’équivalent de 15 tablettes de Prozac, sans compter les autres composants chimiques. Aucune chance qu’il ait survécu. »

La voix de Pauline était d’une froideur que Timothée n’avait jamais entendue.

« C’est toi qui as perdu la clé de la salle aux bonbons. Si tu avais…

— N’appelle pas cet endroit « la salle aux bonbons ». Seulement les enfants peuvent l’appeler comme ça. C’est « la pharmacie ».

— Si tu veux… Mais peu importe comment tu appelles ça, non seulement le petit devant nous aurait pu finir comme son copain mais il aurait pu être zigouillé par la vieille !

— Elle n’est pas dangereuse, Karim.

— Elle a empoisonné tous ses petits enfants ! Et tu as vu Timothée, il ressemble comme deux gouttes d’eau à l’ainé !

— Le problème a été maîtrisé. J’ai entendu qu’elle faisait de vrais progrès dans l’institution dans laquelle nous l’avons envoyée. »

Timothée ne comprenait pas toute la conversation. Comme si les mots arrivaient à son cerveau longtemps après avoir été entendus.

« Tu sais, Pauline, Timothée m’a dit qu’il avait vu sa mère, à la rivière.

— C’est normal que ses hallucinations ait repris, ses crises de colère aussi d’ailleurs. Dans l’analyse sanguine que je viens de faire, il n’a aucune trace des molécules des médicaments qu’il est censé prendre. Et tu verras que la petite Adeline, dépressive précoce à tendance suicidaire, sera dans le même cas. C’est pour cela qu’elle s’est taillé les veines.  Il faudra faire plus attention pour les distributions de médicaments. Nous pensions que les créer sous la forme de bonbons serait le meilleur moyen de leur faire prendre. Visiblement ce n’est pas…

— Je ne parlais pas de ça. Ce n’est pas effrayant qu’il ait vu sa mère ?

— Beaucoup de tueurs voient leurs victimes après les avoir tuées. Cela doit être pareil pour lui. »

De quoi parlaient-ils ? Timothée ne comprenait rien.

« Il a tué sa mère un beau jour, alors qu’ils étaient seuls à la maison, reprit Pauline. Un épisode de psychose et c’en était fait : dix coups de couteau dans le ventre.

— Et tu penses que notre « expérience » permettra aux petits et aux vieux d’espérer encore à un avenir ?

— Il faut que nous essayions… Je crois que le petit se réveille. Vite donne-moi une nouvelle dose. »

Une chaleur circula dans le bras de Timothée et le noir fut total.

« Allez mon grand, réveille-toi ! »

Timothée ouvrit les yeux, péniblement. Pauline se trouvait devant lui, tout sourire.

« Le petit déjeuner est prêt. Tu dois bien manger avant la compétition de foot ! »

Une compétition de foot ? Timothée exulta et serra Pauline dans ses bras. Elle sentait bon le parfum. Son odeur le rassurait de l’horrible cauchemar qu’il venait de faire.

Elle le laissa dans la chambre. Tandis qu’il se préparait, il remarqua que les voitures avaient été remises sur l’étagère et la console de jeux remplacée. Il avait peut-être inventé cela aussi… En coup de vent, il sortit et dévala les escaliers. Les enfants allaient tranquillement vers le réfectoire. Tout le monde salua Timothée. Il remarqua que Adeline n’était pas là. Il s’en enquit auprès de Karim, qui supervisait la queue. Le moniteur répondit que ses parents étaient venus la récupérer. Timothée en fut triste. Il aimait bien Adeline. Peut-être qu’ils se reverraient.

Il s’était fait servir deux beaux croissants bien chauds avec un lait chocolaté. Tandis qu’il engloutissait son petit déjeuner, il regardait autour de lui. Les rires des enfants, la joie des moniteurs, et tous ces jeux… Timothée était ravi. Certes ses parents lui manquaient mais il savait que, bientôt, sa mère viendrait le chercher. Il ne savait juste pas quand.

Timothée
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