Écrire sous un nom de plume: pourquoi?

Je me suis posé la question, avant de me lancer dans la rédaction de mon roman (vous pouvez d’ailleurs retrouver ICI ce qui m’a mis le pied à l’étrier pour oser commencer), si je devais utiliser un nom de plume, un “pseudo” littéraire (spoiler alert: j’ai finalement décidé d’utiliser mon vrai nom).

Je vois beaucoup d’auteurs connus et inconnus utiliser un nom qui n’est pas le leur… Et je me demande bien pourquoi? Cet article est en fait une réflexion sur ce sujet. Je vais tenter d’apporter quelques réponses, suite aux discussions que j’ai eues avec certains écrivains.

1– L’association de mon prénom et de mon nom de famille n’est pas très “vendeur”

J’ai eu cette réponse, un jour, en demandant à une amie pourquoi elle voulait utiliser un nom de plume. Elle trouvait que son nom/prénom avait une sonorité trop “orientale” et que cela pourrait être un frein pour vendre sur un marché français… Personnellement, cet argument est assez irrecevable quand on voit tous les auteurs, en France, qui ont des identités étrangères, qui vendent très bien. Donc, pour moi, c’est un faux problème.

D’autres me disent aussi qu’ils trouvent simplement leur nom de famille assez… particulier. Ils ont l’impression que, si on regardait une couverture de livre avec leur nom, les gens souriraient. Tout cela, comme pour le premier exemple, est très subjectif. On peut trouver son nom moche, ce n’est que notre propre avis, pas celui des autres. Je me rappelle même d’un auteur, dont je connais le vrai nom, qui m’a annoncé son nom de plume. Ce dernier était beaucoup plus bizarre que son vrai patronyme et, si cela n’avait tenu qu’à moi, je lui aurais fait garder sa vraie identité…

Cependant, si mon nom de famille avait été “Ducon” par exemple, je crois que je l’aurais changé aussi…

2- J’anglicise mon nom pour correspondre au genre de ce que j’écris

Ce point-là est, je pense, surtout valable pour les écrivains de l’imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique, ou SFFF). Dans ce cas précis, je connais beaucoup d’auteurs qui ont décidé de changer leur nom, pour faire comme s’ils étaient anglo-saxons. D’après une croyance répandue, on est plus crédible à écrire de l’imaginaire si nous venons du Royaume-Uni ou des États-Unis. Donc, on adopte l’identité adéquate pour “se fondre dans la masse” et correspondre aux modèles du genre.

Personnellement, je ne sais pas si, aujourd’hui, cet argument est absolument vrai. Peut-être que cela l’était à une époque où les grands pontes de l’imaginaire étaient pratiquement tous anglo-saxons (Tolkien, King, Asimov, Dick…) mais, maintenant, est-ce vraiment le cas? Est-ce qu’on n’aimerait pas faire les ventes d’un Bernard Werber ou d’un Alain Damasio? Pourtant leur nom ne fait pas très anglais…

Je pense que cela vient aussi d’une sorte de complexe très français. J’avais lu que certaines grandes maisons d’édition prenaient de haut la littérature de l’imaginaire. En France, on a de la grande littérature et certains des plus grands écrivains de tous les temps (Proust, Flaubert, Zola, et tellement d’autres encore!). Donc, à partir du moment où nous nous éloignons de cette littérature, cela signifie forcément que ce n’est pas bon. Nous nous tournons alors vers nos amis anglais ou américains pour trouver ces genres d’histoires, qui sont très valorisées dans leurs pays. À mon humble avis, que cela soit conscient ou non, nous conservons les stigmates de ce snobisme du passé et, les auteurs qui veulent se lancer dans la SFFF, réfléchissent à assumer leur identité française.

3- Je ne veux pas que les lecteurs sachent que je suis une femme

C’est malheureux mais c’est exactement une réponse que j’ai entendue… En 2020, et oui. C’est vraiment dommage qu’une auteure pense cela, de nos jours, d’autant qu’il y a tellement de contre-exemples!

J.K. Rowling, Robin Hobb… ou George Sand pour les amateurs de classiques, elles ont modifié leur nom afin de cacher leur féminité car, dans l’imaginaire, on vend plus si on est un homme! Et bien non seulement on a très vite su qu’elles étaient des femmes mais, en plus, elles sont devenues des références incontournables! J.K. Rowling est d’ailleurs l’auteure vivante a avoir vendu le plus de livre… depuis l’invention de l’imprimerie! Et c’est une femme…

Je ne suis pas une femme, donc je ne peux pas juger, mais je serais curieux d’entendre si, en ayant été en contact avec des maisons d’édition, vous auriez eu des remarques sexistes ou qui vous auraient fait miroiter qu’il valait mieux être un homme pour être vendu.

4- Je veux séparer l’auteur de l’humain

C’est à la limite le seul argument que je pourrais entendre. Si, dans le cadre de notre activité d’écrivains, nous commençons à avoir un semblant de succès, je peux imaginer qu’on veuille garder sa vie privée. Des auteurs que je connais et qui ont bien vendu leurs livres m’ont raconté le revers de la médaille: des “ultra-fans” qui deviennent très lourds et les approchent sur tous les réseaux sociaux, tentent de trouver leur mail personnel… ou alors des “ultra-haters” qui les menacent à longueur de journée. Avec ce type de comportements, j’arrive totalement à concevoir l’envie de se préserver.

Cela compte aussi pour ceux qui publient pour la première fois et qui trouvent simplement “cool” le fait de changer de nom, pour garder sa propre identité secrète, comme un super héros. Aussi, on peut changer de nom pour assumer que ce qu’on écrit n’est qu’une partie de soi, et rentrer dans le débat de la séparation de l’oeuvre et de l’auteur. Par exemple Céline, auteur acclamé du Voyage au Bout de la Nuit, était nazi. Pourtant, ces écrits étaient d’une qualité incroyable. Peut-on distinguer Louis-Ferdinand (son vrai prénom) de Céline? Peut-être qu’il a eu recours au nom de plume pour dire que les horreurs qu’il commet (de manière consciente) n’ont rien à voir avec son oeuvre. C’est un cas extrême, et tous les auteurs ne sont pas si vils (heureusement), mais prouve la distinction qu’on veut donner entre le personnel et le publié.

Pourquoi n’ai-je pas choisi de prendre un nom de plume?

Plusieurs facteurs ont influencé ma décision de conserver mon nom. Le premier, et le plus évident, je n’arrivais pas à trouver un nom qui me plaisait! Je refusais un nom anglophone, car je voulais revendiquer mes racines françaises (et Grégoire Laroque, ça fait quand même bien français). Donc je tentais des choses avec mon deuxième nom, avec des mots inventés… Bref, rien de bien probant!

Ensuite, j’avais lu dans un article sur l’auto-édition, qu’il valait mieux garder son vrai nom pour toucher plus de monde. Autant votre premier cercle de proches saura que c’est vous sous votre nouvelle identité littéraire, autant vos deuxième ou troisième cercles ne le sauront pas forcément et seront moins poussés à acheter.

Finalement, Grégoire Laroque c’est moi. Mon livre, c’est moi. Je ne distingue pas l’auteur de l’humain. Je suis une seule et même personne qui déverse dans les mots ce qu’il est (même si c’est romancé bien-sûr).

Donc, je garde le nom avec lequel on m’a baptisé :).

Et vous? Nom de plume ou pas? Et si oui, je suis intéressé pour connaitre les raisons!

Je vous rappelle que vous aurez ICI le lien vers notre recueil de nouvelles pour la cagnotte #protegetonsoignant! Faites une bonne action en vous régalant des imaginations de tous ces auteurs!

Écrire sous un nom de plume: pourquoi?

3 commentaires sur “Écrire sous un nom de plume: pourquoi?

  1. Je me suis aussi posé cette question mais cette fois entre mon nom de naissance et mon nom marital. Je suis plus conue aujourd’hui par ceux qui gravitent autour de moi sous mon nom marital. Mais ma vraie personnalité est mon nom de naissance. De plus, mon nom marital est extrêmement répandu, alors que nous sommes la seule famille sous mon nom de naissance. Donc j’ai finalement associé les 2 dès que j’ai été éditée officiellement, même si malheureusement, avec mon prénom complet, c’est vraiment très (trop) long. À terme je ne garderai sans doute que le premier. Merci Grégoire Laroque pour cette réflexion.

  2. Je rajouterai un 5e point à cette liste : je ne veux pas que ça empiète sur ma vie professionnelle et que cela me porte préjudice. Lorsqu’on écrit de la romance ou de l’érotique.

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