“Au nom de la rose, mon amie la femme… Prête-moi ton corps…”, certains se rappellent de cette chanson du début des années 2000? Bon, Moos, le chanteur, a très librement réadapté le titre de Eco et les paroles n’ont absolument rien à voir avec le livre. On va essayer de rendre justice à cet auteur avec ce post! Dans le cadre de #legratinbookclub je me suis prêté à la lecture de ce célèbre roman.
L’histoire se passe au 14e siècle, dans une abbaye au Nord de l’Italie. Guillaume de Baskerville, ex-inquisiteur, y est envoyé avec Adso de Melk, son protégé et narrateur de l’histoire, pour enquêter sur une série de décès de moines. Toutes ces morts sont plus étranges les unes que les autres et on comprends vite qu’il s’agit de meurtres, dont le coupable est forcément l’un des moines. L’enquête des deux personnages principaux va les emmener de mystères en mystères dont le noeud semble être la bibliothèque de l’abbaye.
Le Nom de la Rose est peut-être le livre le plus connu de Eco et a marqué l’histoire des romans policiers (car, après tout, c’en est un). Cependant, je dois avouer que je n’ai pas été transporté. Je m’attendais à plus d’action, plus de mystère, de rebondissements… Mais, au final, la moitié du roman est une sorte de critique de la religion catholique et de la vie monacale. Eco, par les yeux de Guillaume et Adso, met en avant tous les “non-dits” de la religion: la sexualité des prêtres, le doute quant à l’existence de Dieu… La fameuse bibliothèque est, pour moi, une allégorie de la connaissance qui nuit au religieux. Quand Eco la décrit, il en parle comme un labyrinthe angoissant, dont l’accès est strictement surveillé, très sombre… Interdit. Le savoir ennemi de la religion? Dans tous les cas, tous les maux de l’abbaye semble provenir de cette bibliothèque…
Autre point qui m’a franchement bloqué: l’utilisation du latin à outrance. J’ai lu la traduction française du livre sur Kindle et, souvent, il y a de longues tirades en latin et pas traduites! De plus, si c’est dans le cadre d’un dialogue, celui qui répond semble comprendre le latin et ne revient pas dessus, et donc on reste sans savoir ce qui vient d’être dit. Je suis d’accord que c’est joli, et impressionnant de la part de l’auteur, de voir cette langue morte utilisée dans un texte contemporain mais, du point de vue du lecteur, ce n’est pas si simple…
Stat rosa pristina nomine, nomina nuda tenemus
Umberto Eco, Le Nom de la Rose
Le titre du livre, d’ailleurs, viendrait de la citation ci-dessus, qui cloture le livre. Car, dans le roman, il n’est jamais question de la moindre rose… D’après mes recherches, Eco a fait exprès de laisser le doute quant au titre (un peu comme Stendhal, avec le Rouge et le Noir). Dans l’Apostille du Nom de la Rose, à la fin du livre, il déclare qu’à l’origine, le titre devait être plus clair. Le premier titre était “L’Abbaye du Crime” mais Eco n’a plus aimé, car trop centré sur l’intrigue policière. Il voulut ensuite appeler son roman “Adso de Melk” comme le narrateur de l’histoire. Sauf que son éditeur a refusé car, à cette époque là, en Italie, cela ne se faisait pas d’intituler un livre par un prénom/nom. Il a finalement choisi le Nom de la Rose car, pour lui, la rose, à travers les époques, a été un symbole pour tellement de choses qu’elle en a perdu la signification première. La traduction de la citation ci-dessus est d’ailleurs: “La rose des origines n’existe plus que par son nom, et nous n’en conservons plus que des noms vides”…
J’admets franchement que toutes les descriptions et la densité du livre ont failli me faire lâcher. J’ai beaucoup lu en diagonale et, si je n’étais pas un entêté, obligé de finir les livres qu’il commence, je pense que j’aurais abandonné.
Lisez-le pour dire que vous l’avez lu, car c’est quand même une référence, et, si vous avez aimé, je veux bien que vous m’expliquiez pourquoi! 🙂
2 commentaires sur “Le Nom de la Rose, de Umberto Eco”
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Hello!
Perso, j’ai adoré le bouquin. Je ne savais absolument pas à quoi m’attendre, et le style d’écriture médiéval est tellement bien retransmis que j’en étais tout décontenancé. Tout comme toi, j’ai failli lacher le livre à plusieurs reprises, dès qu’on perdait un peu trop de vue le mystère principal.
En revanche, j’ai quand même pris un plaisir fou à le lire. Ne serait-ce justement parce que je ne m’y attendais pas et que je n’avais rien lu de tel. Le livre alterne assez bien, bien qu’assez lentement, entre les passages de description de la vie en communauté monastique, les passages d’enquête, et les moments plus mélancholiques, plus doux, qui permettent de respirer dans l’ambiance glauque qui semble régner dans cette abbaye.
Bon, et accessoirement: j’ai lu l’édition révisée par l’auteur, qui a priori “élague” la majeure partie des passages en latin pour fluidifier l’histoire et ne pas nous perdre, nous qui n’avons pas de masters mention lettres anciennes. Ca aide!
Mais le simple fait d’avoir ce mélange de conte médiéval et de polar philosophique dans un livre qui respecte parfaitement les codes de chaque genre tout en mélangeant complètement leurs structures m’a conquis, et au final je suis très heureux de l’avoir lu. Je pense que je ne serais pas contre le lire une seconde fois… Parfait pour le confinement, parce qu’il faut se concentrer fort quand même 🙂
Donc de la à dire “lisez-le pour dire que vous l’avez lu”… Ce serait dommage ! Il y a plein de livres plus faciles à lire et tout aussi intéressants si on n’a pas envie de s’embêter avec le style d’écriture “Chrétien de Troyes” 🙂
Salut Elliot! Merci pour ton commentaire! Alors je suis d’accord avec toi sur le fait que le style est très novateur, mais c’est justement ce qui m’a freiné. Je m’attendais à être plus tendu, plus pris dans le récit… Dans la réalité (et j’ai lu la version entière traduite), j’ai vraiment eu du mal à m’accrocher, et notamment à cause de toutes ces tirades en latin (même pas traduites!). Honnêtement, je l’ai fini pour dire que je l’ai fini mais c’est tout! Ce n’est que mon humble avis de lecteur, qui se noie dans toutes les critiques positives de ce roman (et je crois même qu’il est dans la liste des meilleurs polars de tous les temps)! Pour le confinement, j’ai fini tous les Rougon Macquart, ça faisait beaucoup de volumes mais un plaisir!