Si les auteurs les plus célèbres de Fantasy ou Science-Fiction sont, pour la vaste majorité, américains, il faut quand même signaler les plumes françaises ! Et Alain Damasio, est, pour moi, l’un des esprits les plus novateurs dans le domaine! Peut-être avec Barjavel aussi, dont vous pourrez lire la revue de son livre, La Nuit des Temps, ici.
La Horde du Contrevent est sûrement son livre le plus connu et est, pour moi, l’expérience de lecture la plus… intrigante. Mais dans le bon sens du terme! L’histoire se passe dans un monde dont les rafales de vent ont presque tout détruit. Une horde de vingt-trois personnages doivent parcourir le monde pour atteindre le mythique Extrême Amont, source de tous les vents. Chacun des protagonistes a un rôle bien défini et est essentiel à la mission. Au fil des ans, plusieurs hordes ont tenté d’y arriver mais se sont fait décimer par le vent. Nous suivons donc le parcours de cette troupe durant tout le roman.
“Mais le hasard est un allié aussi fugitif que mortel. Il te tue avec la même facilité qu’il te sauve. Apprend à réduire ce fauve à la dimension d’un chat. Circonscris la turbulence. Les meilleurs aéromaîtres caressent un chaton et jouent à la pelote avec lui. Un chaton, pas un tigre.”
Ce livre est particulier car chaque personnage a son identité propre et intervient dans le récit. Au début de chaque paragraphe, un symbole représentant un protagoniste (omega, delta, parenthèse…) est placé pour que le lecteur sache qui parle. C’est peut-être ce qui m’a le moins plu… Pourquoi mettre des symboles plutôt que le nom du personnage ? Car, si à la fin, on commence à connaitre les principaux signes, il faut quand même beaucoup d’allers-retours avec l’index du début du livre pour savoir qui parle… Et cela fait perdre le rythme de la lecture.
À part cela, le récit et les personnages sont incroyablement bien travaillés. Chacun des vingt-trois a sa propre façon de parler, son propre caractère, ses propres ambitions. L’écriture est très belle et je retiens notamment le passage d’une joute verbale entre Caracole, troubadour de la bande, et Sélème… Incroyable ! Sur plusieurs pages, les deux doivent se répondre en palindromes (texte qu’on peut lire de droite à gauche et gauche à droite).
Sélème : Engage le jeu que je le gagne !
Caracole : L’âme sûre ruse mal !
Sélème : L’âme sœur, elle, rue, ose mal…
Caracole : En nos repères, n’insère personne !
Ceci démontre le talent de @alain_damasio pour l’écriture. Le travail et les efforts qu’il a dû mettre dans l’écriture de La Horde de Contrevent m’impressionne. Non seulement l’imagination employée pour créer cet univers mais aussi la technique d’écriture!
Quant à l’histoire, j’ai été pris dedans. Honnêtement, il faut attendre un peu de temps avant de vraiment se plonger dans l’univers de Damasio (notamment avec les symboles des chapitres pour comprendre qui parle) mais, une fois qu’on y est, on se laisse prendre au jeu. Tout au long de ma lecture, j’ai attendu et espéré que la Horde arrive en Extrême Amont pour découvrir ce qui s’y passe… Donc Damasio nous tient bien en haleine jusqu’au dénouement!
Vraiment allez-y les yeux fermés! Je vous conseille vivement de vous y plonger ! Quant à moi, je vais très probablement lire Les Furtifs, nouveau Damasio, sorti en 2019.
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